La naissance de Jules ne fut qu’un gros mensonge que ses parents ne cessèrent de lui répéter à chaque fois qu’elle souhaitait en savoir plus sur ce jour. Ils lui racontaient ce moment comme le plus beau moment de leur vie. Ils avaient tant attendu la venue d’un enfant au sein de la famille, alors quand sa mère apprit qu’elle était enceinte, elle fut plus que ravie. Toute la famille se préparait à accueillir le premier enfant MacAllister. Ses parents restaient cependant toujours très évasifs sur le reste de la grossesse et la naissance en elle-même. Ils s’autorisaient simplement à dire que sa naissance fut un moment qu’ils ne pourraient jamais oublier.
Jules avait souvent l’impression d’entendre un sous-entendu dans cette phrase mais sans jamais le comprendre. Est-ce que ses parents pouvaient lui cacher quelque chose ? Elle n’arrivait pas à le croire, car si ses parents lui mentaient, en qui pouvait-elle avoir confiance ?
En tout cas, sa naissance lui apporta une santé assez fragile. Durant les premières années de sa vie, Jules fut une enfant très maigre, elle trouvait cela presque choquant sur les photos. Elle était si petite. Si petite que le reste de la famille la surnommée « crevette ». Sa mère lui expliqua que cela venait du fait qu’elle était née bien avant terme.
Jules finit par passer à autre chose, se trouvant franchement ridicule de penser ses parents capables de lui mentir sur quelque chose d’aussi important. Elle finit donc par arrêter de parler de sa naissance au grand soulagement de ses parents.

Jules fut une enfant très vive, éveillée et remuante. Ses grands yeux observateurs souhaitaient découvrir le monde. Elle apprenait à une vitesse surprenante, bien plus vite et facilement que les autres enfants. Elle faisait la fierté de ses parents et cela la rendait déjà heureuse.
Cependant, malgré ses facilités à apprendre, Jules était aussi une enfant très renfermée sur elle-même. Dès qu’elle se trouvait en présence d’une personne qu’elle ne connaissait pas, elle se refermait comme une huitre. Aller vers les autres enfants, ce n’était franchement pas son fort. Elle était maladroite et très méfiante en présence d’autres personnes, l’enfant curieuse qu’elle était se transformait en une timide maladive. Les yeux baissés, le rouge aux joues, elle allait la plupart du temps de cacher dans une autre pièce.

Durant toute la maternelle, Jules fut la meilleure de sa classe, toujours la première à savoir faire, elle savait écrire et lire avant même son entrée en cours préparatoires. Toute la famille était époustouflée, mais rapidement, cette fierté finit par retomber quand Jules entra en primaire. Elle devint quelqu’un de foncièrement colérique, ramenait souvent des mauvaises notes et perturbait les cours.
Ses parents la disputèrent bien sur, se demandant où était passée la bonne élève, ce qui avait bien pu déclencher ce revirement chez leur fille. Ils cherchèrent pendant de longs mois, utilisant différentes techniques pour ramener Jules sur le droit chemin, mais aucune d’elle ne fonctionna. Jusqu’au jour où ses parents furent convoqués par la maitresse de Jules qui souhaitait leur parler. Elle leur annonça qu’elle se doutait ce qui pouvait se passer chez Jules, et après avoir reçu l’autorisation, fit passer quelques tests à l’enfant. Jules se révéla être une surdouée qui s’ennuyait tout simplement en cours.
Passée la surprise d’entendre dire que leur fille était une surdouée, les parents de Jules étaient surtout rassurés de connaitre enfin le pourquoi de son comportement à l’école. Pour y remédier, elle fut envoyée deux classes au-dessus de celle qu’elle devait être à l’origine. Jules fut de nouveau elle-même, pleine de joie, toujours à vouloir en apprendre plus. Elle était vraiment très brillante.
Elle resta cependant quelqu’un de très timide et d’angoissée. Ce n’était pas le genre de personne qui se faisait facilement des amis. Bien sur, elle en avait, certaines personnes paraissaient assez patientes pour faire connaissance avec Jules. La demoiselle n’eut pas de relation amoureuse avant l’âge de 17 ans. Elle était à l’université, le jeune homme dont elle était tombée sous le charme avait trois ans de plus qu’elle, mais elle se sentait si bien en sa présence. Il était cultivé et plein de conversation, il donnait presque l’impression à Jules d’être débile. Etrangement, c’était ce qu’elle appréciait avec lui, ne pas être l’intello de service, être plus qu’un cerveau sur pattes. Les parents de Jules voyaient cette relation d’un mauvais œil, ils pensaient leur fille bien trop jeune pour fréquenter des hommes de 20 ans. Mais elle s’en moquait, elle était bien avec lui, comme sur un petit nuage. Elle qui s’était mise en tête qu’elle resterait seule toute sa vie, pouvoir compter sur quelqu’un de la sorte, c’était un grand réconfort pour faire face à la vie.
Ce fut aussi l’année de ses 17 ans que Jules fut confrontée à la détresse de sa mère. Elle qui avait toujours senti que quelque clochait, elle comprenait à présent que sa mère n’était pas aussi heureuse. Elle voyait ses crises la changer, elle n’était plus vraiment sa mère quand elle se mettait à pleurer et à hurler, elle ressemblait à une de ces personnes que l’on mettait dans un asile. Mais ce qui perturbait encore plus, c’était de ne pas comprendre les raisons de toute cette tristesse et toute cette colère. Son père avait beau faire tout ce qu’il pouvait, il arrivait de moins en moins à calmer sa mère. Jules posa mille questions à son père, elle voulait qu’il lui dise la vérité sur tout ce qui s’était passé. Il se contenta de se mettre à pleurer à son tour, sans un mot. Cela toucha énormément Jules, qui se sentait si impuissante face à la détresse de ses parents.

Elle quitta la maison le temps d’une soirée pour trouver du réconfort auprès de son cher et tendre. Mais la soirée ne se déroula pas vraiment comme elle l’avait espéré. Au début, il se montra très prévenant avec elle, tentant de la réconforter du mieux qu’il pouvait, mais au fil de la soirée, tout bascula.
Alors qu’il était en train de l’embrasser passionnément, tout s’accéléra, Jules se retrouva à moitié nue. Mais elle ne voulait pas, elle n’était pas prête, loin de là. Elle n’était pas vraiment dans un bon état d’esprit avec ce qu’elle venait de vivre. Elle repoussa donc le jeune homme, qui finit par s’énerver. Il l’insulta, Jules tenta bien de s’expliquer, lui disant qu’elle était encore vierge et qu’elle souhaitait attendre avant de sauter le pas, mais il rétorqua qu’il n’en pouvait plus d’attendre. Dans l’emportement, il gifla Jules, qui s’enfuit alors, sans vraiment savoir où aller. Elle refusait tout simplement de rentrer chez elle.

Jules passa la nuit dehors, cherchant un abri, jusqu’à ce que son téléphone sonna. La personne au bout du fil lui demanda si elle était bien la fille de Mr et Mme MacAllistair. Aussitôt, son cœur se serra, elle n’avait pas besoin d’en entendre plus pour savoir que quelque chose de dramatique s’était passée.
A l’hôpital, elle fut accueillie par un policier et le docteur. Leur visage n’annonçait rien de bon. Elle s’écroula au sol quand ils lui annoncèrent que ses deux parents étaient morts. Elle resta dans une sorte de léthargie, comme si Jules souhaitait se couper du reste du monde, se protéger de toute cette peine qui l’envahissait. Elle resta plusieurs jours à l’hôpital, sans dire un mot, toujours sous le choc de cette annonce. Jules ne garde que très peu de souvenir de ce qui se passa après, elle était dans une sorte de brouillard, déconnectée du monde qui l’entourait.
Puis, son grand père vint la chercher à l’hôpital, lui annonça qu’à partir de maintenant, c’était lui qui allait s’occuper d’elle. Elle fut assez surprise de la froideur de ses paroles. Pas un mot gentil, il n’essayait même pas de la réconforter. Elle n’eut donc pas vraiment le choix de le suivre.
Elle sentit immédiatement que sa propre famille n’était pas enjouée à l’idée de devoir la prendre en charge. Mais cela ne touchait plus vraiment la jeune femme qui était encore insensible après ce qu’elle venait de vivre. Lorsque son grand père lui annonça qu’elle allait suivre des écoles dans une académie, Jules fut ravie. Cela lui permettrait de vivre éloignée de sa propre famille, se reconstruire petit à petit.

La première année fut plus que compliquée pour Jules qui eut énormément de mal à s’adapter. Tout était différent que de vivre avec ses parents. Elle se sentait seule et abandonnée, mais avec le temps, elle réussi à se faire plusieurs amis. Elle était contente de voir qu’elle souriait de nouveau. Et puis, elle fit la rencontre de Liam. Ce jeune homme au comportement étrange. Leur rencontre fut… brutale, puisqu’il la bouscula dans le couloir. Elle sentit immédiatement qu’il n’était pas humain, quelque chose de ce qu’il dégageait. Mais elle n’avait pas peur de lui, loin de là. Elle était capable de lui montrer qu’elle pouvait lui faire face sans crainte.
Après un incident regrettable, Liam ne cesse de l’éviter, ce qui a le don de taper sur les nerfs à la jeune femme, elle en a marre qu’il souffle sans cesse le chaud et le froid dans leur relation…